dimanche 1 mai 2016

96. Fantôme

Ce week-end, nous sommes descendus à Mrs pour fêter l'anniversaire de ma grand-mère. J'aime évidemment beaucoup ma famille, mais c'est toujours assez gênant de les voir se crier dessus en présence de J., qui est limite phobique du bruit. C'est aussi extrêmement gênant de voir que la moitié des gens de ma famille n'ont aucune idée de la façon dont on se tient à table, dans un restaurant plutôt chic. Entre ma grand-mère et mon père qui mangent dès qu'ils sont servis sans attendre les autres et ma deuxième grand-mère qui fait n'importe quoi parle et s'exclame pendant que l'on nous présente les plats, j'avais envie de fondre sous la table.

Passons.

J'ai peu mangé (3 cuillères (oui, cuillères) de verdure rapée, une demi-fleur de courgette en beignet et une cuillère de velouté au safran, 6 asperges et 6 morilles, un cannelloni d'ananas et une demi-cuillère de glace sans goût) et pas mal bu.
Nous sommes sortis du restaurant vers 15h30/16h et vers 20h, je suis allée vomir. Naturellement.
Je veux dire, sans me forcer ou autre. Non, j'avais un poids sur l'estomac, mal au crâne, donc, j'ai vomi.

J'ai mis ça sur le compte du vin même si J. doute, car selon lui, si c'était l'alcool, j'aurais du me sentir mal beaucoup plus vite, pas 4h après. Je ne sais pas.
Quoiqu'il en soit, je pensais me sentir mieux ensuite.

Rien du tout.
C'était pire.

Je suis retournée vomir 4 fois. Et sur ces 4 fois, j'ai dû me forcer 3 fois.
Comme avant.
Tout était pareil.
Les mêmes gestes, les mêmes préparatifs, les mêmes douleurs.

Mais n'ayant que peu mangé, j'ai eu beaucoup, beaucoup de difficultés à me débarrasser de ce qui me faisait mal. A la fin, il n'y avait plus rien. Juste, de la bile, amère, acide, et des spasmes douloureux qui prennent tout le bas-ventre. Au bout de la troisième fois, j'étais persuadée en avoir fini. Mais j'ai alors eu une douleur si forte, si intense au niveau de l'estomac qui j'ai cru que quelque chose s'était troué à l'intérieur. Puis la douleur a migré, elle est descendue. J'avais l'impression d'éprouver la douleur que déclenchent des règles ultra violentes, multipliée par 1000. Très bêtement, je me suis demandée si on ressentait ce genre de douleur quand on était enceinte. J'ai vaguement tenté d'avaler un cachet. Dans un sens, il m'a soignée. 2 minutes plus tard, je me ruais à nouveau dans les wc pour me débarrasser de la gorgée d'eau et du cachet que je venais de prendre. Ce dernier vomissement a dû "secouer" mon organisme une bonne fois pour toute. Je n'ai plus eu mal après.

J'étais évidemment épuisée, mais j'ai mis du temps à m'endormir.
Assez de temps pour que je me surprenne à passer ma main sur le ventre creux.
Assez de temps pour que, l'espace d'un instant, je me surprenne à éprouver du plaisir en me sentant vide.
Assez de temps pour que, à nouveau, je me languisse du lendemain, histoire de voir si au moins, cette soirée de merde m'avait permis de perdre un peu de poids.

Il m'a fallu beaucoup de temps, en fait, pour m'endormir.
J'ai dû me forcer à repenser à beaucoup de choses, peu agréables, pour contrer ces envies absurdes et dangereuses de me remettre à fréquenter les chiottes.

Hier soir, le fantôme de Mia m'a rendu visite.
Il m'a fallu quelques heures pour le renvoyer.
Mais c'est toujours effrayant de constater qu'au moindre affaiblissement, elle revient me hanter.


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